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Traversée des Alpes Françaises: Briançon - St Raphael 
Sortie du vendredi 11 octobre 2019
Conditions terrain
De tout mais bien sec...
Compte rendu
Iti suivi : De Briançon à St Raphael
Dernier tronçon de notre périple, Briançon - St Raphael !
Jour 1: Briançon - Souliers: 35 km, D+: 1500 m.
Le départ de Briançon est difficile: il fait froid, il pleut un peu et la météo a prévu un temps froid et humide pour les prochains jours. En fait elle se sera trompé mais nous ne le saurons que plus tard et l'adage qui dit que "trop écoute la météo reste au bistrot" s'est avéré une fois de plus exact ! Pour l'heure, c'est pas facile mais on décide de partir quand même. Petit arrêt au bike shop de Briançon pour acheter des plaquettes de frein "au cas où" puis je rejoins Patricia sur la route de l'Izoard. Le temps s'améliore doucement, il y a même un peu de soleil.
Nous quittons la route au Laus pour emprunter le sentier qui monte dans le bois de Pémeant avec pas mal de poussage physique (c'est toujours comme ça au début, les vélos sont lourds parce que bien chargés en bouffe) puis magnifique passage roulant à la montée sur le "sentier des mules". Nous y rencontrons un berger avec qui nous discutons un bon moment: il nous raconte des histoires incroyables sur les loups qu'il côtoie maintenant très régulièrement même en plein jour. C'est un berger amoureux de son métier et très impliqué, pas forcément contre le loup mais d'après lui, il y a des choses à changer dans la gestion du loup en France. Il lui est arrivé plusieurs fois de subir des attaques en plein jour sous ses yeux et il a même surpris un loup embusqué au beau milieu du troupeau cette année. Son constat: contrairement à ce que disent les scientifiques, le loup n'a plus peur de l'homme, du moins dans la région de l'Izoard. Des scientifiques de voulaient pas le croire mais après un séjour d'une semaine sur le terrain avec le troupeau qui par chance (si on veut) a été attaqué en plein jour, ils ont bien été obligés de constater les faits: le comportement du loup vis à vis de l'homme est en train d'évoluer...
Pendant cette longue conversation extrêmement intéressante, le troupeau s'est déplacé et le berger nous quitte précipitamment, nous laissant face à notre réalité du moment: remonter les deux derniers km du col sur le goudron. Nous quittons à nouveau la route à la Casse Déserte pour le superbe sentier montant et roulant qui non mène au col du Tronchet et son aussi superbe descente sur Souliers. Le village semble endormi dans une douce lumière de fin d'après-midi et l'envie de dormir ici plutôt qu'à l'hôtel de Ville Vieille nous tenaille: nous n'avons pas pris la tente pour ce dernier tronçon automnal et il faut trouver des hébergements "en dur". Nous savons que le gîte d'étape est fermé et il faut trouver un être vivant pour demander des renseignements, ce qui ne semble pas évident ce soir; le village semble désert. J'entends du bruit au dessus et part à la rencontre d'un homme qui bricole près de son tracteur: le contact est d'emblée très chaleureux et il m'explique qu'ils font du Airbnb et "qu'on n'a qu'à aller voir sa femme dans la maison la-bas". A nouveau contact très chaleureux et ça y est, nous sommes au chaud ! Nous sommes chez Marie-Thérèse et Jean-Baptiste, un couple de "vieux" (80 et 85 ans) très sympathique et actifs avec qui nous passons de très bons moments. Ils nous prêtent leur cuisine pour faire chauffer de l'eau qui nous permet de faire gonfler notre couscous et notre muesli le matin et nous les quittons avec regret !
Jour 2: Souliers - refuge de la Blanche: 35 km; D+: 1300 m.
Départ peu matinal, nous savons que nous n'allons pas très loin ce soir et puis nos hôtes sont si agréables ! Descente néanmoins magnifique sur Chateau Queyras par un très beau sentier avec des épingles faciles et remontée tranquille sur St Véran via Prats Hauts et le canal de Pierre Dimanche. A st Véran, petite halte à l'hôtel très classe Alta Peyra pour trouver du wifi car nous n'avons pas d'hébergement après-demain à Barcelonnette: finalement, nous réservons un airbnb et on peut repartir.
Je laisse Patricia monter à son rythme et pars devant avec l'idée de monter mon vélo au col de la Noire avant le souper à 19 h. C'est exactement ce qui se passe, j'ai l'impression de "m'avancer dans mon travail" comme au lycée (il y a longtemps !): en effet, il s'agit d'un gros portage d'une heure (au moins) et s'il y a déjà un vélo la-haut, ce sera toujours ça de moins à porter demain matin ! Je pose donc mon barda au refuge de la Blanche, monte mon vélo, redescend en courant et me voilà à 18h50 au refuge où je retrouve Patricia, mission accomplie et juste à l'heure pour mettre les pieds sous la table. Repas et soirée très sympathique au refuge où nous papotons avec les gardiens et les quelques randonneurs présents.
Jour 3: Refuge de la Blanche - Maljasset: 20 km; D+: 500 m.
La météo annoncée comme mauvaise il y a 2 jours a complètement changé: c'est grand beau et tant mieux ! Nous avions prévu une étape courte puisque nous pensions faire deux fois la montée au col de la Noire avec les vélos puis avec les bagages mais comme je me suis avancé dans mon travail la veille, aujourd'hui, c'est vacances ! Du coup, nous partons nous balader à pied dans les environs puis vers 11h, nous attaquons la montée au col qui n'est plus qu'une simple formalité. Puis nous montons (sans les vélos) au petit sommet au dessus où la vue s'élargit encore sur le Mont Blanc et le Mont Rose, invisibles du col.
Nous attaquons enfin la magnifique et longue descente dans cette bucolique vallée de la Haute Ubaye. Au passage scabreux à pied vers 2650 m, nous préférons descendre quelques dizaine de mètres à pied directement dans l'herbe à droite pour entamer un superbe free ride qui nous permet de rejoindre le sentier au fond du vallon. La suite est extraordinaire sur un long sentier facile et très roulant, surtout dans cette douce lumière déjà automnale de l'après-midi.
Nous arrivons à Maljasset tranquillement vers 16h; le gîte du CAF est confortable, nous ne sommes que 4 et la fin de l'après-midi et la soirée se passent tranquillement, on se repose ! Le seul point noir est que notre hébergement du lendemain à Barcelonnette vient d'être annulé; il n'y a pas assez de réseau à Maljasset (c'est vrai que c'est bien paumé) pour bricoler, on verra demain...
Jour 5: Maljasset - Barcelonnette: 50 km; D+: 1100 m.
Le démarrage est difficile: il fait froid et ça descend ! Mais les choses s'arrangent rapidement au pont du Châtelet: ça remonte, et pour un bon moment ! Un petit café bien sympathique à Fouillouse et nous attaquons la montée au col de Mirandol; le paysage est superbe avec l'imposant Brec de Chambeyron qui trône au dessus de nous. Après un court poussage, la traversée montante jusqu'au pied du col s'avère plus roulante que dans mes souvenirs et après un court et dernier poussage, nous voilà au col.
Changement de décor et de température dans la descente: ça sent le Sud et nous rencontrons nos premiers épineux; gare aux crevaisons ! Après un court passage difficile, la descente se laisse amadouer en nous faisant passer au pied du curieux monolithte de St Ours et nous arrivons vite au village assez désert. Nouveau changement de décor et de température quand nous roulons sur les pistes du versant Nord et boisé de la vallée de l'Ubaye, puis il faut finir d'arriver à Barcelonnette par la route.
Nous n'avons toujours pas d'hébergement et nous décidons de tenter notre chance à Faucon, petit village aux portes de Barcelonnette où il nous semble qu'il sera plus facile de demander l'hospitalité. Des joueurs de boule bien sympathiques nous expliquent qu'il y a ici un couvent qui pourrait faire l'affaire non sans nous assurer qu'en cas d'échec, ils ne nous laisseront pas dormir dehors; et nous partons vers le couvent le coeur léger. Un père nous accueille et nous propose deux petites chambres monacales (il n'y a pas de lit double dans les couvents): c'est une première pour nous et nous nous sentons vite très bien dans ce lieu très calme, silencieux et qui s'avère chargé d'histoire comme on nous le racontera un peu plus tard: nous sommes à St Jean de Matha, confrérie qui a essaimé d'ici en Europe et jusqu'au Canada, et dont le but était de racheter les chrétiens prisonniers des musulmans pendant les croisades. Aujourd'hui, ils s'occupent de l'accueil des étrangers en Europe: ça tombe bien, il y a à faire avec les migrants fuyant l'intégrisme musulman; il semble bien que l'histoire bégaye...
Jour 6: Barcelonnette – Colmars: 40 km; D+: 1500 m.
Il s'agit ce matin de monter au col d'Allos par la route: 23 km de goudron; heureusement, pas trop de motos avant midi (les motards doivent se lever tard...) et la suite est magnifique: il continue à faire très beau et la montée à la Baisse de Prenier presque intégralement roulante est rapide et agréable. Puis c'est la superbe descente dans les mélèzes sur un sentier très lisse et virevoltant jusqu'à Allos, une des plus belles descente de notre traversée; nous la connaissons déjà pour l'avoir empruntée lors de la Transverdon il y a quelques années mais c'est une friandise dont on ne se lasse pas.
Nous sommes à Allos vers 16h30 et nous devons arriver au gîte à Colmars avant 18h: ça fait un peu juste et Patricia se dévoue pour descendre par la route tandis que je continue par les sentiers de la Transverdon; encore de beaux passages mais j'arrive à Colmars après 18h, merci Patricia !
L'immense bâtisse du gîte est vide, nous sommes seuls. La cuisine est fermée mais le gardien nous a laissé une bouilloire électrique ce qui est amplement suffisant pour faire bouillir de l'eau et faire gonfler notre couscous quotidien; à moins qu'il s'agisse de quinoa ? Devant tant de variété, ma mémoire s'y perd un peu...
Jour 7: Colmars – le Fugeret: 45 km; D+: 1300 m.
Départ assez matinal car l'étape est longue et les jours sont courts début octobre. Nous la connaissons puisque nous sommes encore sur l'itinéraire de la Transverdon mais quelle belle étape ! Quasiment pas de goudron, des pistes à la montée et des sentiers à la descente, le rêve. Il fait toujours aussi beau et la montée au dessus du village d'Ondres est parfois chaude malgré un petit vent qui vient nous rafraîchir. Pas de patou pour mordre les mollets de Patricia comme la dernière fois, tout va bien.
La piste laisse place à un magnifique et long sentier en balcon qui s'insinue dans des ravines parfois un peu exposées mais qui reste presque intégralement roulant; le cadre est très sauvage; on se demande bien parfois où l'on va rouler, mais on roule ! Puis c'est le Plan de Rieu, vastes pâturages sans arbres au dessus de 2000 m; là non plus pas de Patous Gentils comme la dernière fois, nous roulons en toute quiétude dans ces paysages immenses et déserts. Arrive maintenant la longue descente sur Peyresq, une suite de beaux sentiers faciles au milieu des mélèzes.
Quelques km de goudron en descente nous amènent sur la fin de l'étape, encore une belle descente sur singles jusqu'au Fugeret, tout petit village qui commence à sentir bon le Sud: il fait plutôt bon pour 18h et les quelques autochtones sur la terrasse du café-restaurant-gîte où nous faisons étape discutent avec animation et un bel accent chantant. Nous sommes presque seuls ce soir au gîte: nous passons une soirée agréable à manger un couscous (mais un vrai cette fois !) et à discuter avec nos hôtes.
Jour 8: le Fugeret - Saint Auban: 40 km; D+: 1300 m.
Je me méfiais de cette étape qui n'a l'air de rien sur le papier mais assez physique et intense dans mes souvenirs; mes souvenirs avaient raison... Ça démarre tranquillement par quelques km de descente sur la route mais dès que ça remonte, ça se corse. Il faut remonter un assez long vallon d'abord sur une mauvaise piste puis sur un beau single plutôt roulant qui nous fait traverser les ruines d'un village; il fallait du courage pour habiter là même si les lieux sont magnifiques !
la suite est difficile avec nos vélos chargés: il faut pas mal pousser puis la montée se termine par un portage de 250 m de dénivelé qui nous casse bien les pattes... Nous arrivons à la Chapelle St jean du Désert la bien nommée: les lieux sont sauvages et le replat où est édifiée cette chapelle fait un peu figure d'oasis ombragée par une rangée d'arbres peut-être séculaires. Il reste encore 100 m de dénivelé sur un joli sentier pour atteindre le col St jean et sa belle descente assez technique surtout au début.
Il faut ensuite remonter au beau petit village d'Ubraye et sa fontaine bienvenue, puis un très beau passage dans des pâturages nous amène au magnifique hameau de la Sagne. Nous avons rejoint depuis quelques km le tracé des Chemins du Soleils que nous suivons maintenant par de magnifiques passages parfois techniques et souvent physiques dans des plis de montagne reculés et peu fréquentés. Patricia trouve que ça commence à faire beaucoup: heureusement, je sais que nous sommes dans la dernière remontée ce qui la rassure et lui permet de serrer les dents et de finir vaillamment ce magnifique mais difficile enchaînement. Il ne reste plus que 100 m de dénivelé sur la petite route qui remonte la spectaculaire Clue de St Auban. Encore une fois nous sommes seuls au gîte: la soirée est donc très reposante et agréable d'autant plus que le gardien nous a préparé un bon repas; que demandez de plus ?
Jour 9: Saint Auban - Callian: 50 km; D+: 1100 m.
Il fait frais ce matin ce qui est une bonne chose puisque les altitudes commencent à être basses: malgré tout, il nous faut franchir encore trois chainons des Alpes avant d'atteindre la mer, la montagne n'a pas encore dit son dernier mot ! La première montée est assez tranquille sur une bonne piste et la descente est belle sur un single pas encore trop pierreux.
Le deuxième chainon est plus coriace: il y a pas mal de poussage pour arriver aux ruines du Vieux Séranon. La descente m'avait parue difficile lors de mon premier passage il y a 3 ans mais je m'aperçois aujourd'hui que je m'étais bien trompé en essayant de rejoindre à tout prix la Chapelle Ste Brigitte; il faut en fait continuer à traverser vers l'Est; du coup, malgré les premières dizaines de mètres peu roulantes, la descente est superbe avec un long passage en traversée sur un un bon sentier bien lisse !
Le troisième chainon est facile,on sent quand même que les Alpes s’essoufflent... Dans la descente, la mer se dévoile enfin et les derniers passages pour arriver au village perché de Mons se font dans l’allégresse. Une dernière descente bien caillouteuse sous le village puis une série de petites routes, pistes et même sentiers nous amènent au pied du village de Callian où nous avons trouvé un Airbnb très sympathique , niché dans un petit vallon juste sous le village.
Jour 10 : Callian - Saint Raphael: 30 km; D+: 600 m.
Il fait carrément froid ce matin pour descendre de Callian et nous avons du mal à nous réchauffer malgré les quelques trop -pour une fois !- courtes remontées le long du lac de St Cassien. Quelques km de pistes agréables malgré la proximité de l'autoroute puis une dernière remontée sous le Mont Vinaigre nous amènent dans les belles couleurs de l'Esterel. Notre tracé est très beau jusqu'aux derniers kilomètres : une série de belles pistes et même de sentiers nous descendent aux portes même de la ville où il ne reste qu'un petit km de goudron pour atteindre la plage.
Bain et photos rituelles, il nous reste une petite heure pour prendre notre train, la gare étant située à deux pas de la plage. Nous embarquons pour Marseille; Patricia m'attend chez une amie tandis que je négocie un des points les plus critiques de notre traversée: l'embarquement du vélo dans les soutes du car qui me monte à Gap soumis au bon vouloir du chauffeur. Le car est presque vide, ma tête lui revient, c'est bon pour cette fois ! J'arrive à Briançon vers 22 h, il fait assez frais pour les derniers kilomètres montant pour rejoindre St Chaffrey où m'attend la voiture. Fin d'une belle aventure qui a démarré le 12 aout 2016 à Maribor en Slovénie.
Avec : Patricia
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