Départ : Arvieux (1543 m)
Longueur : 40 km
Denivelé : 2020 m
Massif : Queyras / Alpes Cottiennes
Sommets associés : Col du Lauzon
Topos associés
Sortie du dimanche 26 juillet 2009
Conditions terrain
Variété des territoires, des paysages, des niveaux techniques comme un voyage.
Compte rendu
4e jour sur 5 en Queyras
A partir de l'excellent éco-gîte "La Fruitière" de Villargaudin tenu par Colette et Hervé, comme camp de base pour ces quelques jours. A la fois un peu retiré et central, Villargaudin est idéal pour rayonner des virées Vtt/Vdm en Queyras. Non négligeable, la cuisine de Colette est exceptionnelle. L'accueil y est chaleureux. La clientèle à la mesure. Des panneaux solaires produisent l'eau chaude. Le gîte est confortable et rustique, sans ostentation ni luxe superflu : authentique. On s'y sent simplement bien.
Du gîte, un single verdoyant et en forêt de mélèzes rejoint Arvieux. Puis la route un peu ennuyeuse jusqu'à Brunissard. On traverse le camping : à cette heure matinale les petits déjeuners sont servis et le sanitaire pris d'assaut. La montée assez raide se poursuit pour rejoindre le parking 1966 m.
Et la piste s'enchaîne dans une face grandiose en falaise et pierrier.
Avec Bernard mon compagnon de course, le 11 avril 1977, à 27 ans, je me souviens l'avoir parcourue en ski de randonnée sur une neige sans trace en route pour le Pic des Chalanches. Insolents et forts le monde nous appartenait. Sûr de nos forces, elles ne pouvaient qu'être éternelles. Nous remontions en cette fin d'après midi pour un bivouac aux Chalets de Clapeyto. A chaque pas sous nos spatules, le monde se construisait, vierge de toute antériorité par la magie de notre âge et la puissance du présent. Je consulte mon "carnet de course" : il y avait aussi Maurice dont plus aucun souvenir ne me reste. Me reste cependant la mémoire d'une merveilleuse soirée dans un refuge de Clapeyto ; bougie, soupe, purée, … bon vin … . Lequel chalet ? Et le souvenir d'un lendemain enchanteur au Pic des Chalanches.
Comme je monte lentement cette piste à vtt, avec Alain mon compagnon de vtt d'aujourd'hui, les souvenirs montent à ma conscience. Tant d'années ont passées, heureuses. Et le souvenir du bonheur est douloureux.
Qu'importe il faut maintenant monter à nouveau et rejoindre Clapeyto. La trivialité de l'effort ramène à la réalité prégnante : c'est encore un jour de bonheur.
Par un single facile et lisse, avec quelques poussages portage s'atteint cette crête de Terre-Blanche parsemée de lacs, et le Col du Néal. Le décor est verdoyant, calme et apaisé. L'air, l'eau, l'homme et l'enfant … Puis, à partir du Col du Néal l'itinéraire se poursuit sur le Col du Lauzon, par un sentier en traversée dans un environnement de plus en plus minéral parsemé de névés. Court portage pour atteindre le col. Au Col du Lauzon le minéral est achevé. Il se poursuit sur la descente du Lac du Lauzon, sur un single rocailleux et très technique. Arrêt au Lac, enchâssé dans son cirque de pierre et de roche, bordé d'un maigre alpage. Comme issu de nulle part ou génération du décor, un son monte dans l'air cristallin. Un homme sonne du Cor de Alpes. Moment unique, les vibrations de la mélodie entre en résonance avec le cirque et tout ce/ceux qui l'habitent. Les sons graves et longs dans ce décor exceptionnel tracent un instant d'éternité.
Et l'itinéraire se poursuit, en franchissant le verrou glaciaire et le déversoir du Lac jusqu'à la cabane de la Gardère par un single qui reste technique dans un vallon sauvage et solitaire. Il rejoint la cabane de La Gardère sur son promontoire vertigineux au dessus du torrent de La Combe. Sous la cabane à l'intersection s'amorce à droite un sentier qui descend au torrent. Au torrent, un single ascendant souple sur un tapis d'aiguille en forêt de mélèzes, en cycle ou en poussage/portage rejoint la Crête de l'Echelle. Cette ascension en ubac dans le vert des mélèzes et le sous-bois d'herbe rase contraste fortement avec la minéralité sud de la descente précédente du Lac. Et nouveau contraste, en adret minéral, de la Crête, le sentier très technique bascule. Tout en bas en de nombreuses épingles la piste de montée au Col de Furfande avec Arvieux en fond de vallon. Le single très technique, assez peu roulant, traverse de nombreux pierriers et sections vertigineuses … un coin sauvage du bout du monde. Par une passerelle il rejoint la piste au point 1800. La tentation est forte de redescendre facilement sur Arvieux. Reste 700 m de D+ à remonter pour rejoindre le Col de Furfande, par cette piste qui ne va pas s'arrêter de se redresser, et de se redresser encore dans le dernier tiers. En fait c'est de plus en plus raide, et les lacets s'enchaînent. C'est un interminable coup de c. en continu. Sous le soleil brûlant de ce milieu d'après midi, il faut y croire après les 1400 m de D+ dans la musette mentale, par cette piste qui assèche. Calme et opiniâtre, sans vouloir arriver avant d'être parti, le Col de Furfande est atteint. Que l'incroyable descente sur Villargaudin commence … Une visite aux deux fées du refuge de Furfande, et déguster leur tarte puissant levier de retour, et la descente se poursuit d'une seule traite. Énorme, à toute vitesse, la descente n'en finit pas et les sections défilent : traversées, série d'épingle, passages aériens, tapis d'aiguilles, single rocailleux, moelleux, marches : on roule pas, on vole … . Villargaudin est "touché coulé" dans un immense éclat de rire. Ça envoie du gros à Epicure.
Nb :
- Pour les photo de la descente du col de Furfande sur Villargaudin voir la sortie www.vttour.fr/sorties/col-de-furfande,2545.html
- le gps lui n'y a pas résisté. Par panne de pile, sans doute le tracé s'arrête à la passerelle 1800 de jonction avec la piste du Col de Furfande.
Avec : Alain