Départ : Valfréjus (station) (1630 m)
Longueur : 28 km
Denivelé : 1900 m
Massif : Cerces
Sommets associés : Col des Sarrasins
Topos associés
Sortie du dimanche 02 août 2009
Conditions terrain
Sur un lieu chargé d'histoire, une boucle Vdm d'altitude incroyable, engagée, solitaire et sauvage, sur des singles parfois techniques mais toujours relativement cyclables, qui réserve sa meilleure part dans un final à couper le souffle et les bras par la même occasion. Sec entre alpages et minéral
Compte rendu
« Le 16 mars 1945, la 1ère compagnie "Bordenave" et le 2e compagnie "Les Ânes Rouges" permutent leurs positions de combats avec le 15e B.C.A. Elles quittent Termignon pour rejoindre le Fort du Lavoir pour la 1ère compagnie et Valloire pour la 2e compagnie »
Extrait de l’Ouvrage "Carnet de route de la Section Potin – 1944 1945 – Du Vercors Trièves à l’Italie" d’Yvette Vallier ed. Belledonne 2008.
Tout au long de cette sortie, en moi résonne cet ouvrage d’une façon particulière puisque j’ai participé à son élaboration. Yvette est ma voisine, elle a écrit les textes. Ma modeste contribution fut sa construction graphique: photos, mis en page, … L’ouvrage retrace le parcours d’une poignée de Résistants, la Section Potin, depuis sa formation à Gresse en Vercors et ses combats sur les Pas du Balcons Est du Vercors en juillet 1944 à son intégration dans l’armée régulière de libération qui va les conduire en Maurienne sur les combats fameux du Mt Froid. Il passeront par le Col des Sarrasins et séjourneront au Fort du Lavoir.
Dans la 4e de couverture Yvette Vallier écrit :
« En juillet 1944 l'Allemagne nazie décide d'en finir avec le territoire du Vercors.
Des hommes, souvent très jeunes, encore adolescents parfois, se dressent alors, prennent les armes et combattent. Beaucoup d'écrits ont été publiés sur cette période et sur la Résistance du Vercors. Pourtant restait une part d'ombre sur un groupe : la section Potin. Des contreforts du Vercors/Trièves à l'Italie en passant par la bataille du Mt Froid en Maurienne, cette poignée d'hommes s'illustre aux combats.
Aucun écrit sur leurs faits d'arme.
Peu d'entre eux, sont encore vivants.
Habitante de ces hauts lieux, j'ai considéré qu'il fallait, en hommage à la section Potin, faire œuvre de mémoire et retracer cette aventure humaine de sorte que leurs combats et ce qui animait ces hommes ne sombre pas dans un oubli définitif.
Afin que le lecteur puisse suivre la section Potin dans ses faits d'armes cet ouvrage est illustré de photos et de cartes »
Le 1er août 2009, mon plaisir fut de parcourir avec une certaine gravité ces territoires lourds de la mémoire de ces hommes.
7h44, du haut de Valfréjus je quitte la voiture et je m’engage sur la route du Lavoir. De nombreux véhicules me dépassent, pas toujours en modérant leur allure, pour aller se garer au Lavoir. Puis la montée au refuge du Thabor par une route forestière qui se transforme rapidement en un sentier lisse et roulant. En montant sur la droite, en crête, le col des Sarrasins qu’il conviendra de franchir. J’observe l’itinéraire de descente. Un crochet au Col de la Vallée Etroite, ancienne frontière d’avant la guerre de 39-45, le refuge du Thabor est rapidement rejoint. Les dénivelées défilent avec une surprenante facilité, et au refuge le compteur affiche déjà 900 m de D+ : c’est le matin, un vent frais m’accompagne. Il en sera tout autrement plus tard dans l’après midi sur l’ascension du col des Sarrasins. Et le single toujours bien cyclable poursuit et se faufile entre les lacs Ste Marguerite dans un décor somptueux au pied du Mont Thabor tutélaire. Un court portage donne accès au col des Batallières en suivant très exactement le GR, abandonnant à gauche un sentier qui conduit au col du Cheval Blanc. Incroyable col des Batallières, le Thabor en toile de fond, je pose le vélo. Il est 11h40. Dans un chaos minéral de schiste noir s’engage la descente sur le refuge des Marches. D’abord facile le single franchit un ressaut plus délicat et poursuit à flanc bien cassant mais restant roulant et surplombant, pour finalement le rejoindre, le lac des Batallières, émeraude et lumineux dans son écrin de pierre. Complètement solitaire, l’itinéraire et ces grands espaces son vides, renforçant la sensation d’engagement, dans cette descente, qui ne fera que s'approfondir dans la montée au col des Sarrasins, que j’aborde à 13h40, après un rapide détour au refuge des Marches. Contrairement à ce qu’indique la carte Ign, c’est un refuge gardé. Hormis le gardien qui m’accueille, personne. Il me déclare être complet pour le soir. De ressaut en ressaut, commence alors l’ascension des 644 m de D+ du col des Sarrasins, intégralement en portage, sauf quelques dizaines de mètres à chaque ressaut franchi. Qu’il est loin et haut ce col ! Je paie cash. Mais le décors est grandiose, sauvage, solitaire dans un univers de pierre parsemé de petit lacs aigue-marine et de névés resplendissants dans la lumière de cet après midi d’été dont la chaleur m’accable. La section finale est raide mais tout va bien. Je la parcours avec un certain bonheur. Il est 15h40 je pose mon vélo au col des Sarrasins. Là, il y a 65 ans sont passés des hommes en armes. Le ciel resplendit, la fureur s’est tue, le temps est apaisé. Et je peux, dans cette chance que je mesure, jouer avec mon vélo.
J’observe avec attention l’itinéraire de descente, il va falloir trouver le single qui trace vers l’Est. Après une 1ère partie de descente plutôt roulante sur un single qui traverse néanmoins des zones en blocs. Je le repère à 2517 m. Puis je le pers. Je reste trop haut à 2500m. Je ne passerai pas par "le chalet ruiné à 2405 m". Je le cherche, et le temps passe, il est aux environs de 16h30. Avec un certain soulagement je le retrouve sur un collu à l’Est du chalet ruiné aux environs de 2420 m. Commence alors une longue traversée esthétique et suspendue sur un single roulant et rapide a travers l’alpage pour rejoindre la ruine Ign à 2129 m. Elle est en fait habitée pour le we par un homme que je prend pour un berger, mais qui n’en est pas un, et son chien. L’homme est rustique, avec un fort accent. Il m’accueille avec plaisir. Avec bonheur il m’indique la descente sur Valréjus. A partir de son "chalet" poursuivre à flanc à gauche (Nord), traverser le ruisseau de la Combe de Jay. A la première intersection poursuivre tout droit et ne pas prendre le sentier qui s’engage à droite. On atteint alors la "vieille balise en bois à ce niveau, indiquant Valfréjus". A la première intersection je me trompe. Bienveillant l’homme m’observe. Il me siffle. Je me retourne. D’un geste de la main il m’indique : tout droit. Merci à lui. La montagne c’est mieux chaleureux. Il est 17h15.
S’amorce alors un incroyable single, de 500 m de D-, toujours raide, très majoritairement cyclable, épinglu à souhait, joueur, dans une forêt de sapins. Un vrai spot que cette descente sur Valfréjus. Pas fréquentée, elle rejoint largement en niveau de plaisir les 51 lacets de Briançon, les 40 lacets de Die et la descente du Facteur de Bourg d’Oisans. A Valfréjus tout est consommé, reste une courte remontée à la voiture rejointe à 17h54.
Avec : Seul